L’interview qui suit a été réalisée par les cyberactivistes du Collectif ACC Côte d’Ivoire, qui ont bien voulu l’offrir au Nouveau Courrier, qui le publie en exclusivité. L’apôtre Moïse Koré, pasteur du président Laurent Gbagbo, sort de son silence. Et livre quelques confidences sur ses rapports avec le premier président de la Deuxième République ivoirienne et son épouse. Il s’exprime aussi sur les polémiques qui ont souvent eu cours sur l’influence des religieux dans l’entourage du couple Gbagbo. Et transmet son assurance en un dénouement favorable pour celui dont il dit qu’il n’a jamais perdu la foi en dépit des difficultés.
Qui est l’apôtre Moise Koré?
Qui suis-je? Moïse Koré, ingénieur par ma formation académique, apôtre par mon appel. Officier de l’ordre du mérite National et commandeur du mérite sportif de la Côte d’Ivoire. Ancien international et ancien président de la fédération ivoirienne de basket-ball, actualité oblige.
Dans une vidéo qui circule sur internet, le président Gbagbo affirme qu’en compagnie d’autres personnes, vous étiez allés en 1998, lui annoncer que l’Éternel l’avait oint comme président de la Côte d’Ivoire. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette mission que Dieu vous avait confiée, et pourriez-vous nous raconter votre première rencontre avec le président Gbagbo ?
Ma première rencontre avec le Président Gbagbo est celle décrite dans l’élément vidéo auquel vous faites référence. Appelé par Dieu, j’ai quitté les fonctions que j’occupais dans une multinationale pour le servir. Pendant que j’étais en retraite de prières avec des frères et sœurs, l’Éternel m’a commandé d’aller annoncer à cet homme qu’il était son choix pour présider au destin de notre pays. Je dois avouer que je me suis opposé à cela dès le départ, et j’ai partagé cette parole avec mon adjoint dans le ministère qui lui aussi après un moment de jeûne me l’a confirmé. Sur le témoignage à nous donné par l’Esprit nous avons donc demandé à le rencontrer et l’un de nos membres, M. Guédé Zadi, ancien maire de Guibéroua, nous a conduits à son domicile. Et c’est comme ça que je l’ai rencontré pour la première fois de ma vie.
Mme Simone Gbagbo avait-elle reçu le message de Christ, en même temps que son mari?
Ce jour-là, elle était à la maison, c’était l’heure du repas et elle s’activait à donner à manger à sa famille et à ses invités sous l’apatam de leur domicile. C’est en nous raccompagnant à ma voiture que son mari l’a informée du motif de notre visite.
Quel était l’attitude du président Gbagbo vis-à-vis du message de Christ, entre 1998, année où vous lui aviez annoncé qu’il serait président et 2000, année de son accession au Pouvoir?
Il a été très réceptif et son épouse aussi, je pense que Dieu les avait préparés à cela. La cellule d’enseignements et de prières installée à leur domicile a permis d’apporter la parole de Dieu à ceux qui y venaient, il a même pris des moments de jeûne et de prières devant le Seigneur.
En 2000, le président Gbagbo est élu, mais il se heurte au refus du général Guei d’abandonner le pouvoir. A l’époque, en avez-vous parlé avec lui ?
Je ne parlais pas de politique avec lui pour une raison simple, je n’y connais et n’y comprends rien. Pendant ces moments difficiles, je me retrouvais souvent en sa compagnie, mais il avait des amis militants avec qui il parlait de ces choses. Moi je ne lui donnais que le conseil de Dieu. Le Général Guei, je l’ai connu dans mes deux dernières années à l’EMPT, où il est venu comme commandant d’école après avoir quitté Bouaké où le président Gbagbo était à l’EFA.
Dans ce genre de situation de crise extrême, et d’autres qui suivront, vous consultait-il ? Était- ce en tant qu’ami ou conseiller spirituel ?
Mon rôle en tant que Pasteur n’est pas de remplacer Dieu, mon rôle c’est d’enseigner ceux qu’Il m envoit, pour qu’ils dépendent de Lui et non de moi parce que je ne suis qu’un homme sans solution or Lui a toutes solutions. Je lui demandais comme je le fais à tous ceux qui m’écoutent de consulter Dieu. En tant qu’amis, on parlait de certaines choses, mais mon rôle était plutôt d’enseigner la parole de Dieu et de donner le conseil de Dieu qui est aussi valable pour tout chrétien, car nous sommes tous soumis aux mêmes principes bibliques. Que votre cœur ne se trouble point croyez en Dieu et croyez en moi, a dit Jésus. Et pourquoi cela? Parce qu’Il nous promet que celui qui nous trouble, qui qu’il soit en portera la peine, parce qu’Il troublera celui qui nous trouble. J’évitais au maximum de m’ingérer dans un domaine que je ne maîtrisais pas, la politique. Il consultait ceux qu’il devait consulter, mais en dernier ressort il prenait lui-même ses décisions en relation avec son ingéniosité politique et son intime conviction.
Puis survint le coup d’État manqué de 2002 qui se mua en rébellion armée, certains se posent la question de savoir, mais ce Dieu qui vous avait révélé que Gbagbo Laurent serait président deux ans avant la réalisation de cette promesse, ne vous avait-Il pas averti des dangers qui guettaient la Côte d’Ivoire ?
Dieu sait toutes choses, n’en doutez jamais, et ce Dieu là avait prévenu avec exactitude de ce qui se préparait, et je vous en parle sous Son témoignage. Je n’en dirai pas plus.
Durant toute la crise, de septembre 2002 à avril 2011, avez-vous eu l’impression que la foi du président Gbagbo vacillait?
La foi du Président Gbagbo n’a à aucun moment vacillé. Bien au contraire ! Toutes ces épreuves l’ont affermi. Et comme il le disait lui-même, il comprenait pourquoi tout au long de la Bible, Dieu recommande à ceux qu’Il a appelés de se fortifier et de prendre bon courage. Et cela tout bon chrétien le sait, parce que c’est une succession d’épreuves dans la vie qui l’amènent à la transformation. Je sais que sa foi a surpris beaucoup de personnes, mais cet homme lisait beaucoup la parole de Dieu, or la foi vient de ce qu’on entend de la parole de Dieu. Voilà pourquoi jusqu’à ce jour il est d’une sérénité qui désarçonne mêmes ses ennemis, parce qu’il sait que « la fin d’une chose vaut mieux que son commencement ». Vérité éternelle.
Le 11 avril 2011 où étiez-vous ? Quand avez-vous vu pour la dernière fois le président Gbagbo, et comment se fait-il que vous n’étiez pas avec lui lors de son arrestation ?
La dernière fois que nous nous sommes vus c’était le dimanche 27 mars après le culte, parce que le mardi 29 mars je suis allé en mission, et je devais rentrer le vendredi 1er avril, mais l’aéroport étant fermé et les combats faisant rage dans toute la ville, je me retrouvai involontairement en exil et ne put être présent lors de l’arrestation du président Gbagbo.
Dans les accusations contre les hommes de Dieu qui côtoyaient le président Gbagbo, il y a généralement deux groupes qui se dégagent parmi les Ivoiriens et ceux qui suivent la crise ivoirienne. Les pro-Gbagbo qui vous accusent d’être à l’origine de la «mollesse» du président Gbagbo vis-à-vis des rebelles, et les adversaires du président Gbagbo qui vous accusent d’avoir poussé le couple Gbagbo à s’entêter après le second tour de l’élection et à continuer la Résistance malgré le déséquilibre des forces en présence ? Qu’en dites-vous ?
Vous savez, actuellement nous sommes encore dans la crise, et je n’aime pas parler quand les gens avec qui j’en ai parlé ne sont pas présents, donnant l’impression de tirer la couverture à moi. Je sais ce que j’ai dit, ceux qui étaient présents le savent aussi. Demandez à ceux qui assistaient aux cultes de la Résidence quel a été le culte le plus court qui s’y est déroulé et quel en était le motif ? Je ne suis pas un lâche mais je n’aime pas parler dans le dos des gens. Maintenant concernant les adversaires du président Gbagbo, qu’ils sachent que je n’ai que faire de leurs accusations parce que je n’ai aucun compte à leur rendre ainsi qu’à certains hommes de Dieu opportunistes d’aujourd’hui qui jouent les moralisateurs. Nous nous retrouverons bientôt et je serais curieux de voir qui aura le courage de venir me raconter ce genre d’assertions en face. J’ai été appelé par Dieu, je Lui obéis et j’assume tout ce que je fais sous Sa direction parce qu’il n y a qu’à Lui seul que je rendrai compte. Les autres peuvent aller se faire cuire un œuf ! Ou alors comme Internet le leur permet, ils peuvent venir déverser leur venin de lâches via leurs commentaires.
Koné Mamadou Malachie était-il vraiment un pasteur proche du couple présidentiel ? Le connaissez-vous ?
Je vais vous surprendre, mais je ne connais pas le Pasteur Koné Malachie et je ne l’ai jamais rencontré. Je ne peux donc pas parler de lui, je me demande d’ailleurs pourquoi les gens lui en veulent. Laissez toute cette histoire s’achever avant de le juger.
Un pasteur ghanéen a affirmé qu’il y avait beaucoup de conflits entre les hommes de Dieu autour du président Gbagbo et de son épouse…Qu’en dites-vous ?
Moi je n’étais en conflit avec personne. Il est arrivé que par motif de jalousie certains frères aient dit des choses peu agréables sur moi, mais cela fait partie du ministère et Dieu m’avait prévenu de cela au lendemain de la prestation de serment du Président Gbagbo en 2000. Le président lui-même a eu à le leur dire de visu parce qu’il en était témoin chaque jour. Je jouais mon rôle pastoral auprès du président et de son épouse avec mon équipe et je n’étais pas en conflit avec mes collaborateurs, bien au contraire.
Pourriez-vous, en tant qu’ami du président Gbagbo, nous dire pourquoi il ne s’était pas rendu plus tôt aux forces françaises. Certaines personnes ont bien pu s’enfuir de la résidence présidentielle. Pourquoi être resté jusqu’au bout?
Il avait déjà donné le ton en 2004. Le président Gbagbo n’a jamais été lâche et son parcours témoigne pour lui. En 2004 il nous avait dit : «Il ne sera jamais dit que moi Gbagbo Laurent, j’aurais été abattu ou arrêté en fuyant. Que ceux qui veulent me tuer viennent me trouver dans cette maison».
Cet homme est un homme de destin et il est le seul qui aurait pu tenir dans les conditions qui ont été celles de notre pays durant cette décennie. Tout procède chez lui de l’idéal et de la stratégie politique. Au regard de ce qui se profile aujourd’hui, pouvons-nous lui donner tort? Une fois de plus, il a eu raison avant nous tous, puisque Dieu est en train de retourner la situation en sa faveur. Je vais vous faire une confidence, quand je l’ai vu sortir vivant de ces bombardements, je me suis ressaisi et j’ai dit : « Gloire à Dieu pour sa bonté car non seulement il n’a pas abandonné Gbagbo, mais son histoire avec lui n’est pas achevée et il y aura une suite ». Raison pour laquelle je ne cesse de dire aux Ivoiriens que le meilleur est à venir, car Celui qui abaisse est aussi Celui qui relève, Celui qui fait pleurer est aussi Celui qui nous fera pousser des cris de joie et d’allégresse à la gloire de Son nom.
Depuis le 11 avril, avez-vous eu l’opportunité de parler avec le président Gbagbo ou son épouse? Si oui, comment les avez-vous trouvés ?
Pas directement. Mais je sais qu’ils vont bien et qu’ils ont le moral haut.
Des experts de l’ONU vous accusent de trafics d’armes et d’activités subversives. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
J’ai déjà eu à répondre à ces pseudos experts et ma réponse a même été publiée dans le livre « Laurent Gbagbo au centre d’un complot » qui met à nu le rapport de ces « experts ».
Alassane Dramane Ouattara a récemment libéré certains prisonniers politiques. Avez-vous pensé à retourner chez vous en Côte d’Ivoire ?
J’y retournerai quand on aura libéré tous les prisonniers et que la sécurité de tous sera assurée. Lorsque mes biens m’auront été rendus et que l’on pourra à nouveau vivre ensemble dans la diversité dans notre pays, mais surtout quand mon frère et ami Gbagbo et ma sœur et amie Simone auront été libérés.
Nous aimerions maintenant avoir votre avis comme Homme de Dieu. La crise militaro-politique en Côte d’Ivoire a-t-elle définitivement pris fin ? Si non, comment pensez-vous qu’elle s’achèvera ?
Dieu va confondre le monde par le triomphe de la vérité, Dieu n’est pas un Dieu de mensonge. Nos yeux verront et nos bouches témoigneront de cette action divine, là où beaucoup pensent que tout est achevé par la volonté des hommes, la volonté de DIEU viendra s’imposer à tous. Malheur alors à ceux qui ne seront pas du côté de la vérité, il est encore temps de revenir de cette mauvaise voie de mensonge car notre Dieu est un Dieu de pardon.
Un dernier message pour tous les Ivoiriens qui vous liront certainement nombreux…
Je dirai aux Ivoiriens ceci : « Pourquoi les cœurs attristés commencent ils à se réjouir ? Pourquoi l’espoir pointe-t-il à l’horizon? Pourquoi toute cette agitation dans notre pays dans le paysage politique actuel ? Ma réponse est la suivante : Notre Dieu règne et Son règne s’impose à tous ceux qui vivent sur cette terre ». Et je terminerai par ces versets du livre de l’apôtre Jean : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. La femme, lorsqu’elle enfante, éprouve de la tristesse, parce que son heure est venue; mais, lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de la souffrance, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. (Jean 16:20-24 LSG) ». Une nouvelle Côte d’Ivoire va bientôt naître, rassemblée autour de son héritage et de ses valeurs dans la diversité de ses enfants. Nous venons de vivre un épisode de l’histoire de notre Nation. Que cet épisode nous enseigne tous ! Dieu bénisse et fasse !
Propos recueillis par ACC-Côte d’Ivoire